Le sommet des montagnes
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tu commences à sortir
de chez toi ou de chez eux
tu mets un pied sur le palier
ou dans le jardin
et tu te retrouves à l'intérieur

ne plus pouvoir sortir
être enfermé dans son extérieur
mais à l'intérieur
il y a bien des surprises
la perspective s'ouvre
vers un horizon immense
lorsque les portes de l'armoire
s'entrouvrent à ta vision
tu es dans les endroits
que tu n'as jamais connus
et qui sont à l'image
de ton passé
dans le présent du futur
tu le savais
mais tu retournes
à la fermeture
où l'ouverture des lieux clos
est inépuisable
tu as déposé un baiser
sur mon front
et le visage a disparu
il se trouve chez les Atlantes
là où tu situais mon regard
même si mes yeux
sont dans ces rues
mouillées par cent mille chagrins
quand je descends dans cette cave
je suis au sommet des montagnes
d'où je contemple
le vide de ma vie...




Eloge du caniveau
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habiter dans ton cul
dans ce qui pue en toi
ce qui est ton réel
ce qu'il y a de mieux
tu parles
et dans ta voix
la société entière
dégueule sa pensée
mais lorsque tu entrouvres
tes plaies dégoulinantes
c'est dans ta pourriture
avec sa vérité
où je suis avec toi
gluant de ta beauté
si tu respires un peu
la mort va s'installer
tu vas nous envahir
de la bêtise ambiante
il suffit de glisser
dans nos incontinences
et les jardins nouveaux
vont surgir de nos corps...




Le bonhomme de neige
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je suis un bonhomme de neige
vous le savez bien
vous m'avez fabriqué
je vous ai captivée
puis vous m'avez laissé
à l'abandon
j'étais resplendissant
sous vos regards flatteurs
j'égayais votre ennui
par mille facéties
votre vide constant
a besoin de fantoches
vous m'avez recréé
tout en me détruisant
la brûlure du soleil
m'a vu fondre à vos pieds
mais le froid revenu
je me suis retrouvé
à l'intérieur de moi
où l'amour endormi
s'éveille à chaque instant...




L'arrêt
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prochain arrêt
et s'il n'y en avait pas
pas de prochain arrêt
ni de suivant
et pas de terminus
un trajet sans arrêt
juste un arrêt
pour ne pas s'arrêter
où aller ailleurs
dans un endroit connu
ou inconnu l'instant d'avant
mais ces endroits
n'ont plus d'arrêt
car l'arrêt est interdit
il permet de se reposer
de réfléchir
l'arrêt n'est plus possible
l'arrêt n'est pas sérieux
il permet de penser
donc plus d'arrêt
le repos dans le mouvement
de l'activité factice
là où la mort n'est plus visible
car elle est l'instant
de votre vie
là où vous ne serez jamais...



Les têtes
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il y avait ces têtes
accumulées depuis tant d'années
changeant selon les circonstances
éclatant de rire
pleurant
hurlant
gémissant
geignant
claquant des dents
saignant du nez
souriant bêtement
vomissant et rotant
couvertes de baisers
enflées par les coups
maquillées
pour être présentables
à la famille
cette accumulation
de têtes
où la mienne
passait si vite
que j'arrivais à peine
à l'apercevoir...


La lumière au plafond
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la lumière au plafond
ce plafond
sous le grenier
ce grenier
un espace
entre le ciel et moi...
un vide
inhabité
grouillant d'existences
un monde sans identité
l'insoupçonné
le réel invisible
celui qui respire
dans nos pensées...
un jour ou une nuit
j'irais vers lui
sans un mouvement
endormi...